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Utilisateur:Cedalyon/Brouillon

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La politisation de la culture[modifier | modifier le code]

Les origines culturelles de la Révolution ne sont pas à rechercher dans une construction a priori cherchant à remplacer le monde de l'Ancien Régime, mais plutôt dans l'effritement des fondements des deux piliers de la civilisation traditionnelle : la religion catholique et ses pratiques d'une part ; la majesté royale et son faire-croire d'autre part. Cette mutation mentale qui a lieu vers 1750-1770 entraîne la diffusion de l'idée d'une civilisation vieillie, épuisée, à bout de force, en pleine dégénérescence. Cette idée s'est si bien imposée que la rupture de 1789 est vécue par tous dans l'enthousiasme et une certain réenchantement. Ce réenchantement trouve immédiatement une transcription culturelle au travers des images, des symboles, des rhétoriques, des signes. Une nouvelle culture se crée, dont les forces et les faiblesses apparaissent rapidement selon son lien avec les aspirations et les préoccupations du plus grand nombre[1].

Les prémices culturelles de la Révolution française[modifier | modifier le code]

À partir des années 1750-1770, une mutation culturelle se produit en France sous deux aspects : la politisation des mentalités[S 1] et le désenchantement des piliers de la civilisation classique, l'Église et le roi.

Le peuple s'empare de la chose publique[modifier | modifier le code]

La centralisation des pouvoirs en France, globalement achevée sous Louis XIV, met sous de nombreux aspects la monarchie en contact direct avec ses sujets. La noblesse ne joue plus de rôle politique et les décisions qui impactent fortement la population viennent à présent uniquement de l'autorité royale. Pour l'ensemble de la population, le roi est à présent le seul maître vers qui se tourner pour protester contre des demandes douloureuses, fiscales ou militaires essentiellement. Or, dans le même temps, le peuple est de plus en plus informé des décisions royales, de la vie publique et privée du souverain, des ministres, de la cour. Journaux, libelles, caricatures et chansons enseignent les évènements à la masse populaire qui peut ainsi exercer son esprit critique. Le plus grand nombre connait ainsi les problèmes financiers, les propositions de réformes, leurs tenants et opposants. Cette mutation culturelle importante est le soubassement des changements plus profonds qui affectent la confiance accordée à l'Église et au roi car un grand nombre se sent légitime à avoir un avis sur ces sujets[2]. Par ailleurs, la noblesse, corps intermédiaire traditionnel théoriquement investi de la chose publique aux côtés du roi, est encore davantage perçu comme une survivance inutile du passé. Même si une fraction notable des nobles sont objectivement ralliés aux Lumières, leur classe est, dans les discours, voué à disparaître. Les principaux débats politiques, les réflexions philosophiques qui imaginent et construisent une nouvelle citoyenneté n'accordent aucune place à la noblesse[2].

L'affaiblissement du religieux[modifier | modifier le code]

La seconde moitié du XVIIIe siècle est une période d'évolution particulièrement importante du sentiment religieux et des pratiques de la population. Les raisons profondes de ces transformations ont fait l'objet de vives interrogations et plusieurs évolutions sociales et culturelles lourdes ont été identifiées.

Du point de vue social, l'Église connait pour la première fois un reflux net de la pratique religieuse, pour l'essentiel dans les centres urbains. Faire ses Pâques et aller régulièrement à la messe n'est plus le fait qu'une faible majorité de la population des grandes villes, notamment Paris et Bordeaux. Les petites cités et les campagnes situées près des grands centres urbains connaissent également cet éloignement des pratiques religieuses régulières d'une partie de la population, même si le phénomène est moins marqué[3].

La composition du clergé évolue, et même si sa formation n'a jamais été aussi solide, un décalage se produit entre son discours et une partie du peuple. Le nombre de nouveaux prêtres diminue, et même s'il n'y a pas encore pénurie à l'échelle du royaume, certains diocèses sont à présent obligés de faire appel à des religieux venus d'autres provinces. Les diocèses de Paris et Bordeaux sont ainsi les plus touchés. Par ailleurs, le recrutement évolue. Les élites traditionnelles, nobiliaires et de la bourgeoisie urbaine boudent désormais ce cursus pour leurs enfants, et elles sont remplacés massivement par les bourgeois des cités plus modestes ou des enfants des campagnes. Les curés, dans leur majorité, sont ainsi à la fin de l'ancien régime massivement issus du monde rural et de milieux modestes[3].

Les incessantes querelles publiques entre les jansénistes et l'autorité royale minent le respect séculaire pour les institutions religieuses. Les polémiques incessantes, de plus en plus violentes remettent en question l'autorité royale, le corps ecclésial traditionnel et l'influence des Jésuites. La position janséniste est largement partagée par les parlementaires et une partie des élites bourgeoises, diffusée par les Nouvelles ecclésiastiques, pourchassée par les agents du roi, et elle a aidé à politiser les opinions et à former un esprit critique[4].

Les Hasards heureux de l'escarpolette, par Jean-Honoré Fragonard, entre 1767 et 1769, Wallace Collection.

Du point de vue culturel, deux évolutions majeures apparaissent fortement à partir des années 1750 ; le rapport d'une grande partie de la population à la sexualité et à la mort.

Pendant les dernières décennies de l'Ancien régime, la discipline sexuelle de l'Église se relâche sensiblement, essentiellement au travers de deux indicateurs : le nombre d'enfants illégitimes et le nombre de conceptions prénuptiales. Alors que ces deux évènements sont rarissimes au début du XVIIIe siècle, et en permanence interdits comme de graves péchés, ils deviennent bien plus fréquents après 1750. Le taux de naissance illégitime dans les villes passe ainsi de presque zéro à 6 à 12 % des naissances. De même, le taux de conception prénuptiale s'accroit sensiblement, et touche quant à lui autant les ville que la campagne. Les taux maximum sont situés au sein des population ouvrières, et atteignent quelquefois 20% des naissances. Par ailleurs, le contrôle des naissances est à cette époque complètement intégré au mode de vie de nombreux ménages. Il se pratique avec des habitudes sexuelles en complète oppositions des préceptes enseignés par l'Église, le coitus interruptus, la sodomie et l'onanisme. Ces pratiques créent un espacement volontaire des naissances qui passent d'une naissance tous les deux ans à une tous les quatre à cinq ans. De même, de nombreux couples arrêtent de faire des enfants après trois ou quatre enfants vivants. Ces pratiques sont suffisamment massives pour entrainer une baisse de la fertilité. « La peur face aux interdits religieux en matière de sexualité semble ainsi s'être érodée »[5].

L'affaiblissement de la monarchie[modifier | modifier le code]

Sur toute cette période, les discours officiels, jusqu'aux éloges royaux au sein des cahiers de doléances présentent une apparence de respect, d'amour, de vénération de la figure royale.

Mais d'abord au sein du discours philosophique, puis au sein des débats plus larges, la sacralité royale n'est plus exclusive. La Nation devient sacrée, le Peuple également. Ce dernier devient progressivement l'origine de la légitimation de la monarchie, en lui transmettant une sacralité qu'il possède en propre.

En parallèle, l'image du roi, de rare et précieuse, devient commune et futile.

Sur la même période, le roi et les évènements qui lui sont associés deviennent rares. Le roi ne voyage plus, restant dans ses châteaux. Les fêtes monarchiques se raréfient.

« L'autorité et la majesté de la monarchie se sont érodés. Le corps du roi, haï sous Louis XV, ridiculisé sous Louis XVI, a perdu sa sacralité, et le pouvoir d'enchantement du récit monarchique est un souvenir nostalgique renvoyé vers les souverains mythiques du passé, Saint Louis, Charlemagne ou Henri IV »[6].

Les réenchantements culturels de la Révolution française[modifier | modifier le code]

[7]

archives[modifier | modifier le code]

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